ENTREPREN’ELLE À DAKAR
- Femmes et Pouvoir Par Y. Placide
- « Celui-là a menti » « Cette île n’est pas une île Elle est continent de l’esprit. Dixit Jean-Louis Roy, écrivain et poète canadien.»
Comme une mer unie dans une seule pensée, dans un paradigme éclectique uniforme, qui dérange le formaliste quotidien, dirigée par une dialectique rassembleuse, ce regroupement de femmes noires de diverses origines a envahi Dakar dans le seul objectif d’aider la gent féminine à aller au-delà des frontières afin d’établir son propre establishment dans des secteurs d’affaires, visant ainsi le pouvoir économique des femmes.
Ce regroupement de femmes dirigé par une main gantée, et perspicace en la personne de Luckny Guerrier, cheffe de la ”La Mission exploratoire Économique Entrepren’Elle (M3E)”. Madame Guerrier est formée en marketing, en gestion de projet, et termine un baccalauréat en enseignement professionnel. M3E a été créé en 2015. Sa mission est de favoriser l’entrepreneuriat au féminin, à l’échelle internationale, les femmes de différentes communautés culturelles peuvent y participer. Le focus est mis pour le moment sur les femmes noires, rétorque madame Guerrier. Les femmes noires qui ont besoin d’aide pour s’émerger du formalisme quotidien qui les noient.
L’africanité, la négritude sont des prérequis et la raison suprême de ce groupe.
Madame Guerrier dit espérer que ce mouvement changera les communautés, ainsi que les membres de leur famille. Elle espère reconnecter la diaspora haïtienne à son pays d’origine pour mieux réussir au Québec, car dit-elle: «Si on sait d’où l’on vient, on saura où l’on va». Elle renchérit, ce n’est pas cliché de se regrouper entre femmes noires pour aller de l’avant, car tout dernièrement, ne parlait-on pas de la discrimination systémique qui est une évidence. Le fait de se regrouper est une force pour aller de l’avant, et de trouver des solutions pour atteindre des objectifs communs, parlant de développement économique. Les femmes, majoritairement, ont toujours éprouvé des difficultés à trouver du financement pour leur projet en ce sens l’objectif d’Entrepren’Elle est de leur ouvrir des portes ou les aider dans l’acheminement de leurs projets.
On ne veut pas calquer le modèle comptant uniquement sur une aide internationale. Plus de deux cents femmes ont déjà bénéficié de l’excellence d’Entrepren’Elle. Quand on a la solution en nous, il faut l’utiliser, réplique-t-elle!
Madame Guerrier est à la barre de l’organisme depuis sa création, mais n’est pas là pour longtemps, elle a choisi sa dauphine en la personne d’Abigaelle, qu’elle forme silencieusement pour être la future cheffe de la Mission Entrepren’Elle. Elle affirme ne pas être intéressée à faire de la politique pour un parti pour le moment, elle se contente de faire de la politique pour diriger les femmes vers l’ultime mission d’Entrepren’Elle: ..
Elle ajoute: «il y aura bientôt d’autres cheffes de mission, car depuis longtemps j’étais seule dans ce vaste terrain. Si on veut s’y faire connaître à travers le monde de l’entrepreneuriat, on doit avoir d’autres cheffes de mission. Actuellement, nous travaillons avec les pays de la francophonie noire, comme la Martinique, la Guadeloupe. Les hommes sont invités à y participer en tant que membres qui puissent jouir de l’expertise d’ Entrepren’Elle, et d’apporter leur contribution comme c’est le cas dans cette mission. Nous avons des experts en entrepreneuriat et en logistique, qui donnent des conférences sur le comment réussir sans trop de soucis comme entrepreneure.».
Le groupe Entrepren’Elle s’est approprié de l’esprit de Dakar, cette ville qui parle dans son silence, trépidante de vie, la force de caractère de ses villageois, les marchandes de rues chiquement habillées qui honorent leur passé et regardent en avant. Un voyage historique pour Entrepren’Elle! La visite à l’île de Gorée, l’île grouillante de vie, un passé unique qui interpelle la conscience, quelle que puisse être sa couleur de peau. Là-bas, on a pu voir et sentir par la dialectique du Colonel,” le guide de la visite”, un homme simple qui excelle dans la manipulation des mots pour expliquer les maux de nos ancêtres; même la pluie tombant sur une maison en tôle dans son concert le plus sublime ne peut l’égaler tellement il avait le ton qu’il faut pour bien expliquer la tragédie qu’ont vécue nos ancêtres. La majorité de celles et de ceux qui y ont participé n’ont pu retenir leurs larmes tellement c’était émouvant. Entrepren’Elle nous a emmenés là où il faut au moment qu’il faille, un voyage d’introspection culturelle.
Ce voyage historique a mis en évidence le caractère machiavélique des colons, qui observaient du haut de leur balustrade la rentrée des esclaves enchaînés des mains aux dos et des pieds pour passer la porte de l’oubli. Une porte rectangulaire donnant directement sur la mer avec un bateau qui attendait. Une fois rempli sous l’œil attentif des maîtres regardant du haut de leur maison bâtie sur les cachots des esclaves, le bateau prenait le chemin du non-retour. Et depuis quelques années, on assiste au grand mouvement du retour, réparations obligent.
À cause de l’intervention inappropriée du Covid-19 et des consignes de santé publique, le volet des missions avait fait relâche, et aussitôt que le virus a perdu de son pouvoir exacerbant, Entrepren’Elle a repris ses activités, a relaté madame Guerrier.
Le groupe rêve de faire sa marque à travers le monde, Haïti y compris. D’autres missions sont déjà en gestation. Si j’ai un message à passer aux femmes noires, je leur dirais de sortir de leur zone de confort et d’oser, affirme sans ambages madame Luckny Guerrier.
ID Canada / ISSN 2563-818X (En ligne) – ISSN 2563-8181 (Imprimé)