Le télétravail : quel impact sur les relations sociales à long terme ? par Mariarosario Irio 

Le télétravail : quel impact sur les relations sociales à long terme ? par Mariarosario Irio 

Le télétravail est un des résultats de l’évolution de la technologie, en particulier d’internet et de l’informatique. Le télétravail rentre dans l’idée selon laquelle à terme toute tache de la vie quotidienne peut se traiter en ligne, notamment grâce à internet. Quel est l’objectif du télétravail ? S’adapter au changement des processus traditionnels de production, de vente et de distribution des biens et des services. Répondre à la nécessité de réduire les contacts interpersonnels pour endiguer la propagation de la pandémie du coronavirus. Au début de la pandémie, le télétravail était destiné à être une solution transitoire. Elle risque de devenir la nouvelle forme de travail dans les années à venir. Nous sommes rentrés dans l’ère du télétravail. 

La crise sanitaire du coronavirus a accéléré une tendance déjà en cours depuis quelques années, à savoir développer et pérenniser des relations humaines à travers écran interposé. La technologie est désormais devenue la réponse aux problématiques sociales des temps postmodernes, en particulier les applications qui peuvent répondre à des besoins, autre fois prises en charge par des relations plus étroites entre personnes. 

À chaque défi quotidien, il est possible de trouver une réponse technologique. Des conférences par zoom ou teams, des séances de coaching par Skype, des cours d’école à distance, des formations à distance, l’e-banking, la création à distance, la vente de produits en ligne, la recherche de l’amour sur application, la restauration take away, le télétravail : en somme les relations humaines se dématérialisent au fur et à mesure que la technologie informatique se développe. 

Il y a un charme auquel il est facile de succomber, notamment laisser aux applications informatiques la solution des questions qui se posent aux humains. La crise épidémique qui a commencé en mars 2020 a accéléré cette tendance.

Une des grandes transformations liées à la pandémie est le télétravail. 

Le télétravail a été adopté pendant la pandémie dans le cadre des mesures sanitaires pour endiguer le virus. Il a été mis en œuvre de différentes façons qu’il s’agisse des métiers de l’administration ou des entreprises privées. 

  1. i) Quelles sont les principales leçons qui peuvent être tirées dans la mise en œuvre du télétravail? 

Le télétravail a fait une irruption soudaine dans le monde du travail. Il n’a pas pu être appliqué à tous les métiers. Dans certains métiers, le télétravail a sans doute avantagé l’efficacité, surtout pour les tâches mécaniques. Il a apporté le défi pour les relations professionnelles et personnelles. 

Le télétravail a changé la relation entre vie privée et vie de travail, en réduisant le rôle du travail en tant que facteur d’intégration sociale et amicale. Nous connaissions parfois l’amour parfois l’amitié sur le lieu de travail. À l’ère actuelle, les connaissances se font par écran interposé. 

Le télétravail ramène les personnes à leur environnement privé, leurs appartements ou leurs maisons, réduisant ainsi les espaces de socialisation publique. L’espace public et le contact avec le monde externe passent désormais par l’écran qui le fait rentrer dans l’espace privé, notamment les maisons et les appartements. Les relations familiales et personnelles ont sans doute été renforcées ou affaiblies selon les situations préalables à la pandémie.

En somme, une nouvelle dynamique sociale s’est instaurée. 

La flexibilité du temps de travail et une sorte de performance personnelle sont aussi un des résultats de cette nouvelle dynamique de travail : ceux qui étaient performants avant l’irruption du télétravail le sont encore plus, ceux qui ne l’étaient pas avant le télétravail le sont encore moins. L’individualisation s’est renforcée laissant le groupe à une addition d’individualités. 

L’indépendance individuelle étant renforcée, l’interdépendance entre individus en est sortie affaiblie. Les écrans montrant les visages des collègues pendant les réunions montrent une « vision plate » des visages et des expressions faciales. Le travail est fait, mais le lien social est perdu. Nous sommes entrés dans la logique de l’efficacité, aux dépens de la socialisation et des liens sociaux qui nécessitent des compromis et une forme de dialogue et de compréhension de l’autre. 

À la dimension sociale s’ajoutent : i) la question de l’organisation des droits et des obligations des nouvelles catégories de travail que cette forme de travail amène avec elle ; ii) le défi de réduire les inégalités qualitatives et quantitatives en matière informatique pour que la fracture digitale n’ajoute pas de nouvelles formes de discrimination et de marginalisation sociales et régionales.

La formation à distance est le corollaire du télétravail. 

Les plateformes se mettent en marche pour connecter les formateurs aux participants, pour créer de nouvelles méthodes de formation.

Il peut se faire que la connaissance se transforme en connaissance individuelle, que la performance soit individuelle, flexible, agile et changeante, que le shopping se fasse en ligne sans voir personne, que les dossiers médicaux soient digitaux, que les amitiés se fassent en ligne. 

Des questions restent ouvertes :

Comment sera le lien social de notre société suite à ces modifications des dynamiques humaines et des relations professionnelles ?

Une fois que les écrans auront envahi toutes les sphères de la vie quotidienne, aurons-nous encore la capacité de parler aux autres et comment ?

Saurons-nous encore laisser au hasard la rencontre amoureuse et amicale ? 

En somme, la technologie n’est pas neutre, car elle modifie les relations humaines ainsi que les cerveaux. Quand nous sortirons de cette crise sanitaire, nous devrons réapprendre à socialiser et à comprendre l’autre

 

ID Canada / ISSN 2563-818X (En ligne) – ISSN 2563-8181 (Imprimé)