Human Rights Watch (HRW) présentait mardi 14 janvier, la 30e édition de son rapport annuel mondial
- L’organisation Human Rights Watch (HRW) présentait mardi 14 janvier, la 30e édition de son rapport annuel mondial, devant la presse internationale de l’ONU. Le rapport examine les pratiques en matière de droits humains, dans près de 100 pays. Alors qu’il avait espéré présenter son rapport à Hong Kong, Kenneth Roth, le directif exécutif de l’ONG a été refoulé par les autorités chinoises, dès son arrivée sur le territoire.
« Depuis quelques années, on voit que le gouvernement chinois élargit ses efforts de censure à l’international, et essaie de réduire au silence ceux qui les critiquent, parmi les gouvernements, les entreprises, et même dans les universités, » a déclaré Kenneth Roth. « Et il prend délibérément d’assaut le système des droits de l’homme des Nations unies, car c’est le mécanisme-clé pour réguler les droits humains dans le monde entier ».
Les progrès réalisés au cours des dernières décennies, qui ont permis à un nombre croissant de personnes dans le monde entier de s’exprimer librement, de vivre sans crainte d’être emprisonnées arbitrairement et torturées, et de jouir d’autres droits humains, risquent d’être remis en cause, s’est ému Kenneth Roth qui a déploré “Qu’un nombre croissant de gouvernements sur lesquels l’on pouvait naguère compter, au moins par moment, pour promouvoir les droits humains dans le cadre de leur politique étrangère, ont désormais des dirigeants qui ne sont pas disposés à le faire”.
Mr Roth dénonce “le système cauchemardesque” de répression instauré contre les musulmans du Xinjiang et écrit que le parti communiste chinois a bâti “un État policier orwellien high-tech et un système sophistiqué de censure de l’internet pour surveiller et supprimer les critiques publiques. “Le gouvernement chinois mène une intense offensive contre le système international de protection des droits humains”, “la plus intense qu’on ait vue depuis l’émergence de ce système au milieu du XXe siècle, explique-t-il. “Si d’autres gouvernements commettent des entorses graves aux droits de l’Homme, aucun autre gouvernement ne montre les muscles avec autant de vigueur et de détermination pour saper les normes internationales des droits humains et les institutions qui pourraient les soutenir“.
Human Rights Watch dénonce également l’inaction, voire la complicité d’autres pays face à cette “menace existentielle” que fait peser Pékin sur les droits humains. Selon l’ONG, plusieurs gouvernements sur lesquels on pouvait compter pour que leur politique étrangère défende les droits humains au moins une partie du temps, ont largement abandonné cette cause. L’Union européenne, occupée par le Brexit, gangrenée par des États membres nationalistes et divisée sur les migrants, se fait taper sur les doigts. Tout comme la France, à qui HRW reproche de “ne pas avoir mentionné publiquement les droits humains” lors de la visite en Chine, en novembre dernier, du président Macron. Voire de ne plus les respecter, au vu des violences policières contre les manifestants et vis-à-vis de la presse. L’ONG épingle également le Secrétaire général des Nations Unies à qui il est reproché de ne pas avoir demandé publiquement que la Chine mette fin à l’emprisonnement massif de musulmans au Xinjiang.
Plus généralement, HRW accuse gouvernements, entreprises et universités de préférer se taire plutôt que de risquer de perdre l’accès à l’immense marché chinois. L’ONG cite notamment les représailles de Pékin après le tweet de Daryl Morey, directeur général de l’équipe de basket des Houston Rockets, en soutien aux manifestants de Hong Kong.
Human Rights Watch appelle les démocraties à s’unir pour contrer les efforts anti-droits humains de Pékin, en gelant notamment les comptes bancaires à l’étranger de tous les responsables impliqués dans la répression au Xinjiang. L’ONG les appelle à conditionner toute visite d’État de dirigeants chinois à “de véritables progrès en matière de droits humains”. Au vu des contingences économiques qui lient de nombreux pays à la Chine, gageons que cet appel ne sera pas entendu de sitôt.
- Célhia de Lavarène
- 15 janvier 2020