22 ans après le SOMMET des Amériques 2001 à Québec par Dan Albertini

22 ANS APRÈS LE SOMMET DES AMÉRIQUES 2001 À QUÉBEC – par Dan Albertini 

  • Une rencontre au sommet. Une nouvelle Amérique. Une nation à la dérive
  • Entre (), c’est une question de principe, le droit accordé à l’un ne peut et ne doit pas combattre la liberté d’un autre en matière du droit à l’égalité, et à l’équité bien que celle-ci soit parfois relative. Nous vivons en ce moment une parfaite agression contre le fait de vouloir être et de rester hétérosexuel. De se dire: monsieur, madame, garçon. Il nous est dit que cela peut heurter certains. Et le contraire, cela importe peu? Hélas, le droit au soutien psychologique est carrément refusé même par un juge à la cour, sous ce couvert. Le contraire, non! Un animal a pourtant le droit à son genre sans heurt, fermons-les ()!

AVANT LE 09/11 À NEW YORK

Je profite de ce numéro spécial sur les mémoires et sur les archives de l’Observatoire du dies pour réévaluer ce qui a été dit, 22 ans plus tôt, quand aujourd’hui, l’on semble vouloir se poser la question du comment.

C’était l’occasion d’une rencontre au sommet, d’une nouvelle Amérique, d’une nation en…! Révisons alors.

UNE RENCONTRE AU SOMMET

Le sommet des Amériques (Québec 2001) a été pour plus d’un l’occasion de mesurer son degré d’émotivité et de compréhension. Certains motivés par un patriotisme, parlaient de souveraineté, d’autres, plus inquiets pour leur sécurité d’emploi auscultait l’aspect économique et une troisième classe plutôt libérale parlait de possibilité d’expansion. Même le premier ministre du Québec testait le sel de sa nation. Ce sommet a été aussi l’occasion pour mesurer l’influence du nouveau président américain, Georges W. Bush. De plus, malgré la controverse, les deux hémisphères de l’Amérique, après l’ambassadeur canadien Gilles Bernier, persistent et signent au sommet. Jean Bertrand Aristide, président d’Haïti.

Cependant, trois conditions incontournables: liberté totale de la presse, renforcement de l’opposition, partage du pouvoir, une définition claire de la démocratie américaine.

Le président Jean Bertrand Aristide garde ses distances avec la communauté haïtienne de Montréal. L’agenda du sommet des Amériques – Québec 2001- ne prévoyait aucune rencontre ni escapade du président Aristide vers la communauté haïtienne de Montréal. Une brève analyse menait à une seule déduction. Sept ans après sa dernière visite auprès de ce qu’il appelle les diplomates du béton à l’aréna Maurice Richard, le président Aristide donnait l’impression de fuir cette communauté qui, plus habituée à la rationalité économique aurait certainement nourri des questions redoutées par l’ancien vicaire de St Jean Bosco. Le prétexte de la sécurité excessive ne serait pas à la décharge de Titid qui, à l’époque de son surnom de prophète, défiait les foules. Où est donc passée cette belle assurance ?

Les adversaires politiques de Lavalas se réjouissent de cette séparation apparemment consommée tandis que les partisans se mordent les doigts. Les réflexions se font à ciel découvert des deux côtés, ce qui alimente amplement la petite histoire.

[La considération tient encore mieux le parcours des faits que des hypothèses. Dix-huit ans après, avec un lourd dossier de G7 à Charlevoix, la GRC a su accompagner le président Jovenel Moïse tout aussi controversé, à la rencontre haïtienne, dans un lieu peu approprié à sa sécurité de chef d’État en visite hâtive étant donné les circonstances, à la Perle Retrouvée à Montréal tandis qu’il s’était déclaré visé par une tentative d’assassinat près de l’Arcahaie (2017), avant de se rendre jusqu’à Charlevoix, au sommet du G7, avec un autre gouvernement libéral canadien]

Cette nouvelle conjoncture nous impose deux sérieuses questions :

Qu’est-ce qui a pu se passer pour que le sevrage soit si apparent, puisque Montréal ne fait pas partie de l’agenda du Président Aristide, même après sept ans?

Pourquoi le candidat lavalas, une fois devenu chef d’État, n’a-t-il pas tenu sa promesse d’offrir la double citoyenneté à la diaspora tandis qu’il s’est servi de son pouvoir pour défaire l’armée?

L’occasion était propice pour la délégation haïtienne formée du président Aristide et de la première Dame accompagnés – de leur photographe et de la sécurité personnelle du président – des ministres des Affaires étrangères Antonio et de la diaspora Lesly Voltaire, du président du sénat et du vice-président de la chambre basse, du staff des Affaires étrangères, du chargé d’affaires à Ottawa et de quatre hommes d’affaires. Le contexte était favorable. Le ministre du MHAVÉ, Lesly Voltaire aura de la difficulté à apporter une excuse satisfaisante à la diaspora qui regarde passer un 3e mandat Lavalas dans l’indifférence – tandis que les étrangers font l’objet de plus de considération que le bas de laine de la société haïtienne -.

Le président Aristide vient de rater une belle occasion de lancer un appel officiel à la diaspora qui finance inconditionnellement la mère patrie avec des transferts de fonds dépassant le $25.897.574 us – en 8 mois pour 1996 – pour passer à une moyenne de plus de $64 millions us pour le même temps en 2000 – selon des données partielles et formelles de la BRH -, sans compter les virements bancaires les circuits informels constitués de maisons de transferts non déclarées, les envois de nourritures, de vêtements et divers autres articles de consommation, des chèques certifiés, d’envois postaux, de money order, chèques personnels, de commissionnaires qui voyagent de l’étranger vers Haïti. Ceci représente un fonds de roulement (en $.us) important pour la République – qui selon les données de la BRH, arrivait à peine à décaisser $ 20M.us pour les six derniers mois de 2000 contrairement aux chiffres du ministre Voltaire, c’est à dire $80M. us de paiement sur la dette externe -.

Plus que symbolique, cet appel serait logique dans ce contexte de libre marché, où le premier pas serait d’inviter la diaspora à épargner en Haïti, comme le font déjà bon nombre d’entre nous dans les îles comme Nassau, Bahamas, etc., et même en Suisse. Cet appel serait vu d’un bon œil par le secteur privé et éviterait les efforts désespérés de la BRH pour couvrir la réserve en USD, en achetant à n’importe quel prix. Son appel aurait eu pour conséquences une mobilisation de nouvelles ressources et l’affluence de nouveaux touristes venant de la diaspora.

La délégation haïtienne s’est rendue avec, en poche, un déficit budgétaire partiel de 956.6 MG (réf. BRH, août-décembre 2000) et une dette externe d’environ $1.184.3 milliard us. (réf. BRH, déc. 2000) et, apparemment, sans agenda d’intervention particulière – l’ironie était d’autant plus grande que le Québec offrait l’image d’une république fictive et la société Toronto 2008 venait vendre l’image incertaine de sa candidature tandis que le gouvernement ratait l’occasion d’offrir l’image de Haïti 2004 -, mis à part un dossier sur la diversité culturelle. Cette situation soulève beaucoup d’interrogations parce que l’administration (lavalas) de Préval avait participé au sommet de 1997, donc à la préparation de Québec 2001. Cependant, la pochette d’informations d’Haïti contenait le profil du président Aristide (traduit en trois langues), les points de négociation avec l’opposition et les actions (posées en ce sens) du président – Il reconnaissait par là l’existence d’un sérieux problème dont la résolution était impérative -. Apparemment, c’était une promesse d’aide de 33 millions de dollars et le soutien formel du Canada qui attirait (dans la ville capitale barricadée de Québec) les responsables de cette République qui apprennent si vite, la logique répressive et sophistiquée de l’Occident.

Ceci explique le malaise et surtout la peur qui caractérisaient les fonctionnaires de la diplomatie haïtienne. Voulait-on cacher cette réalité?

[Une fois de plus, les faits allaient démontrer la rigueur des considérations citée plus haut, sans support réel de sa base populaire dont celle à l’étranger, le président a été évincé par un second coup d’État, en 2004 pour se retrouver en Afrique du Sud par les ‘bons offices’ du premier ministre jamaïcain, Percival J Patterson. Et, retourner en Haïti définitivement en 2011].

UNE NOUVELLE AMÉRIQUE

Les p’tits goûts de Ben: une affaire de chef d’État. Si le sommet semblait faire l’objet de provocations pour les manifestants, la première phase des débats ressemblait à une épreuve pour certains chefs d’État participants qui tout de même ont été reconnus par l’assemblée. La position du président de la première république francophone d’Amérique – Haïti – n’était pas plus confortable que celle de Ben Landry. Cependant, celui-ci aurait tout donné pour être reconnu comme chef d’État dans cette nouvelle Amérique. Passé à l’école des Latinos, plus précisément celle de Mexico, comme il se plait à le dire, Ben paraissait – à la télé, à la tête de sa confrérie – plutôt insatisfait derrière son grand slogan: Québec, une nation d’Amérique et d’avenir. La brume des gaz fédéralistes lui gâcha son plaisir, comme si tout était calculé, personne ne le remarqua, augmentant son amertume. Dans mes pensées, je voyais un Ben qui ne résistera pas à l’idée de faire l’histoire en déclarant unilatéralement, l’indépendance – abandonnant la fiction un beau matin – plutôt que de partir pour la réalité de la retraite, fondant ainsi – noblesse oblige -, une deuxième république francophone dans cette nouvelle Amérique imprévisible.

Le nouveau pacte américain. Les croquis de la nouvelle Amérique ont certainement mobilisé beaucoup de pouvoir à Québec. Les médias ont certainement fait l’histoire avec des moyens extraordinaires. Diffusion simultanée, équipements sophistiqués, journalistes vedettes, reporters chevronnés, envoyés spéciaux, analystes internationaux. La démonstration du 4e pouvoir était de taille à répondre à celui des politiciens. Cette démonstration a su mettre en évidence aussi l’imposant appareil médiatique des latinos. Ils n’avaient rien à envier aux Nord américains – ce nouveau pacte ne se fera pas sans eux -.  Une quinzaine de journalistes haïtiens venant de huit médias différents représentaient la presse haïtienne.

L’économie siégeait aussi aux premières loges du sommet, avec de nombreux représentants de multinationales. Parmi les politiciens et non le moindre, le président Fernando Henrique Cardoso du Brésil représentait – un bassin de 170 millions de consommateurs potentiels pour un PIB de $651MM us. – la clé nécessaire de la nouvelle Amérique. L’Argentine, son voisin le plus proche, traversant une crise économique sans précédent, pesait moins lourd que le Mexique dont l’arrogant président Vicente Fox, novice dans le jeu de la transparence, traita les manifestants d’enfants gâtés.

[En restant dans l’économie et en commençant par la fin, c’est ce même Vicente Fox (ancien président du Mexique) qui condamna l’arrogance de Donald Trump quand il s’agissait de l’économie de son pays par rapport au mur de la frontière à payer. Le Mexique étant devenu un poids utilitaire mesurable dans la cour du Nord et des Amériques. En outre, Bush-et-Chrétien devient Biden et Trudeau en 2023, même si Fox s’y oblige en MANLO. C’est en même temps un besoin de constat impératif, la Diaspora haïtienne s’est transformée en une importante communauté haïtienne internationale comme nouvelle notion, mieux que la diplomatie du béton de JBA, l’économie et la finance font partie des leviers jusque là non encore exploités en matière de pouvoir, même si d’autres acteurs viennent s’y abreuver royalement, faute d’organisation cohérente]

L’Europe – l’intruse – ne manqua pas sa participation – plutôt piètre – avec l’arrivée de l’agriculteur français José Bové qui ne tarda pas à s’isoler en déclarant le Canada antidémocratique.

[Mes considérations sur l’Europe n’ont pas changé, toujours intruse et tout aussi piètre, elle n’arrive pas à gérer sa démocratie totalitaire comme dans cette affaire de l’Espagne et de la Catalogne, quand elle se croit démocratique pour l’Ukraine, mais tumultueuse contre la Turquie. Situation encore plus périlleuse depuis le discours pervers du président E Macron, à la conférence des ambassadeurs en août 2019, là où il a mis à terre la diplomatie française en particulier, en doute les Américains et et l’Europe, et en confiance la Chine et Poutine, pour se tordre la langue plus tard avec les hostilités déclarées. L’Europe, une mauvaise intruse conservatrice.].

D’entrée de jeu, le 4e pouvoir ne manqua de faire ressortir la disparité entre deux partenaires comme les États-Unis d’Amérique et la République d’Haïti. Que pouvaient se dire les présidents de ces deux Républiques aux antipodes de l’économie. Si Bush a été la grande vedette du sommet de Québec, Aristide aussi dans son genre, a fait l’objet de beaucoup d’attention. Il devait, selon une source de l’ambassade d’Haïti à Ottawa, défendre le dossier de la diversité culturelle.

Le premier ministre Jean Chrétien infatigable jouait au médiateur entre ces deux chefs d’État comme avec le reste de la délégation. Ses nombreuses interventions personnelles sur le dossier de la présidence haïtienne, tout en créant la controverse, imposent Jean Bertrand Aristide comme président aux autres membres de l’OEA qui jusqu’ici n’avaient répondu à l’invitation du président haïtien.    

Cependant, la plupart des conférences tenues au sommet de Québec, comme ce jeu diplomatique de M. Chrétien, ont fait l’objet d’exclusivité. Trop d’événements importants dont les images étaient contrôlées par le média hôte donnaient l’air d’une censure.

Que se passe-t-il donc dans les missions diplomatiques haïtiennes au Canada? Le sommet de Québec, s’il a permis de découvrir le manque de transparence dans l’attitude des grands dignitaires de cet hémisphère, vu d’un aspect plus restreint, il a permis de découvrir l’incompétence, l’ignorance et la peur qui règnent dans les missions diplomatiques haïtiennes au Canada (notons que le poste d’Ambassadeur est resté vacant depuis le décès de M. Ambroise). Le consulat et l’ambassade d’Haïti ne pouvaient ou ne devaient pas donner des informations qui pourtant ont été diffusées dans les médias en Haïti. Qui donc peut être à l’origine de cette tentative de ballonner la diplomatie haïtienne au Canada – quelle raison stupide peut justifier une telle aberration -? Si la ministre conseillère de l’ambassade à Ottawa ne pouvait exercer son devoir de remplaçante du chargé d’affaires, c’est son arrogance qui dérangea le plus: « si vous voulez avoir des informations, prenez l’avion ou prenez votre voiture pour vous rendre à Québec. Disons qu’on avait le choix entre l’arrogance et la peur, un mélange intolérable dans une mission diplomatique qui avait déjà informé Les Bleu Poudre (des humoristes québécois) au bureau de la présidence en Haïti. Le manque de transparence devient viscéral au point d’embourber les efforts de communication.

Selon le ministre Lesly Voltaire, c’est un mal qui ronge la diplomatie haïtienne et qui a été pointé du doigt par le président Aristide. Celui-ci, toujours selon le ministre Voltaire, a rendu responsables, ces fonctionnaires et diplomates, de l’image négative du Gouvernement (lavalas) et un certain échec lié à l’incompétence et un manque d’information. Le grand ménage s’annonce orageux dans les prochains jours.

[Cette tragédie administrative est vécue comme une religion politique].

Les assassins de Jean Dominique. Qui peuvent-ils être? Qui donc peut tenir la presse et la société sous sa coupe réglée? Celui qui sous J.C. Duvalier osa crier dans son éditorial: « on a arrêté kompè Filo », n’est plus. Sa mort n’est pas naturelle, on l’a assassiné. Il n’est pas parti seul, il a emporté la presse libre avec lui. Les assassins de Jean Dominique ont assassiné la presse libre en Haïti. Personne ne se commet, on n’ose plus. Les journalistes se remettent à la police qui, elle, ne prouve aucune efficacité dans son travail. Dans un petit pays, une petite ville, sur un petit territoire, l’enquête de la justice n’avance pas. L’une des anciennes collaboratrices de Jean Dominique, Liliane Pierre-Paul n’ose plus se prononcer – même à l’extérieur du pays -, elle qui avait bravé les makouts de Duvalier. Interrogée par Roger Petit-Frère l’éditeur du journal (sur la liberté de la presse en Haïti), elle tenta d’esquiver la question, s’excusant, prétextant être au sommet pour autre chose. Si elle se cachait derrière un prétendu débat controversé, cachant mal son malaise, c’est avec beaucoup de difficultés qu’elle essayait de se retenir, s’inquiétant même à la fin: «  …j’espère que je n’ai pas dit quelque chose de compromettant. » Grégory Casimir, journaliste à Radio Haïti inter, cachait mal son malaise en abordant la même question. C’est avec un front plissé et symboliquement les doigts entrelacés, qu’il finit par lâcher : « si on a assassiné Jean Dominique qui peut être à l’abri.». Serait-on revenu à l’époque où Radio Métropole préférait parler de l’étranger que des choses du pays?

[La justice dans ce cas-ci est restée en contention pour se projeter sur de nouveaux cas à chaque fois où mémoire et preuves se dissolvent dans la revanche].

Si l’éditorial du 28 mars 99′ de Jean Dominique avait causé, en terme financier, une perte de revenu publicitaire (d’une des grandes banques) pour Radio Haïti, il domine encore les pensées de Grégory Casimir, ce journaliste qui n’arrive pas à exprimer ce qui paraît plus que des soupçons. Si la justice n’arrive pas à conclure son enquête, que se passera-t-il donc dans ce pays où la jeunesse est cernée par des vendeurs de drogues, par les problèmes sociaux, par des problèmes de santé. Les gens sensés finiront-ils par se mettre d’accord pour sauver, ne serait-ce que l’honneur de la nation?

La justice du pays ne peut plus être l’objet d’improvisation à l’image de chef d’État s’inspirant trop souvent d’émissions de radio et de télé écoutées simultanément. Il y a là un problème de vision.

[Aristide avait fait école, la suite l’a reproduit de gré].

Une nation à la dérive.

Le sommet des Amériques (Québec 2001) a été pour tous une triste révélation. Haïti est classé avec le Nicaragua comme les deux pays les plus pauvres de cet hémisphère. Non parce que, dans le cas d’Haïti, nous manquons de ressources, mais parce que les Haïtiens attendent l’intervention d’un Casque bleu pour initier le dialogue entre eux. Une situation qui met l’État dans l’incapacité de négocier confortablement le financement du développement du pays (une situation qui rend l’État faible).

Après analyse de la situation et à la lueur de notre conversation avec le ministre (du MHAVÉ) Lesly Voltaire (ancien chef de cabinet du président Aristide en 95), qui accuse la convergence d’avoir amputé de 60 jours le mandat du président – ce qui était prévisible depuis l’administration Préval qui n’avait pas su intégrer l’opposition dans l’étalage budgétaire -, nous pouvons ainsi étaler par hypothèse le sens de la crise haïtienne. Trois nœuds handicapent le pays dont le principal est le problème du financement de l’opposition.

Si le président est moins légitime qu’en 1990, cette opposition l’est encore moins pour se parachuter à la tête du pays (un départ prématuré en ce sens d’Aristide pourrait faire basculer le pays dans un chaos infernal dont personne ne peut prévoir les conséquences). Le camp de la convergence devrait commencer par s’épurer en posant une véritable structure d’opposition dont l’État la financerait au même titre que la présidence. La nation pourrait mieux cerner les véritables intentions de certains opposants. Ils auraient aussi des comptes publics à rendre, ce qui leur imposerait une responsabilité politique et les compétences de la gestion des fonds publics. De cette première étape résulterait certainement une détente. Détente qui permettrait au gouvernement d’avoir les coudées franches pour s’attaquer aux problèmes de la corruption, de la drogue et de la sécurité.

Le gouvernement doit prendre ses responsabilités pour garantir à tous, la sécurité des biens et des vies, quel que soit le prix à payer (Aristide le réclamait du CNG en 1988, aujourd’hui le devoir le lui incombe aussi), à défaut de quoi il devrait suivre sa propre logique: démissionner. La sécurité est un atout qui ralentirait l’exode des cerveaux et l’émigration illégale et périlleuse tout en encourageant les investissements et le tourisme.

[Haïti est pris dans la guerre des clans politiques sous forme de gangs criminels où les protagonistes en amont sont sans crainte ni contrainte].

Le troisième nœud serait le manque de discernement de Lafanmi Lavalas qui ne comprend pas assez la conjoncture, aliénant même ses alliés naturels. Il serait temps que le concept Lavalas se définisse de manière plus intelligente afin de ne pas reproduire le creuset pathogène des makouts. Il serait de préférence le creuset d’un véritable parti politique (d’ailleurs, le contraire signifierait la mort du parti après la présidence d’Aristide). 

Cultiver ces nœuds serait un facteur qui précipitera le pays dans une crise encore plus grave (un échéancier de trois mois tout au plus), avec le problème des  employés de la fonction publique sans salaire depuis une moyenne de sept mois. Personne, même les plus aisés n’ont intérêt à déclencher cette crise.

Nous accusons aujourd’hui un sérieux retard, le rendez-vous de 2004 est au prochain carrefour, 2005 ne tardera pas non plus. Le président Aristide devra bien s’entourer pour gagner sa bataille et éviter de s’offrir gratuitement à d’autres chefs d’État surtout quand ceux-ci sont des arnaques d’humoristes comme Les Bleu Poudre.

L’urgence de la situation n’offre pas beaucoup d’alternatives au président Aristide pour sauver le pays de la faillite qui doit être une tâche commune. De plus, les conditions de l’aide sollicitée et proposée obligent le président à respecter sans équivoque ses concitoyens. Il doit être un président haïtien avant d’être un lavalassien. Il doit ouvrir encore plus ses portes et faire appel à d’autres acteurs importants et compétents comme Lesly Mannigat aux affaires étrangères, Dany Laferrière au MAHVÉ, Victor Benoît au ministère de l’Éducation pour offrir plus de chances à son plan de salut public. Un geste qui rendrait plus dynamique son gouvernement. 

[Il est vrai que 2004 a surpris Jean-Bertrand Aristide au pont d’un second exil, 2006 a suivi 2005 pour le renouvellement de René G Préval sans plan ni programme (le programme est dans la bouche du peuple dans rue, disait en rencontre). Une faillite qui a produit la catastrophe d’aujourd’hui où l’on regrette tardivement L Manigat].

En dernier lieu, les données concernant le service de la dette et les besoins du pays inquiètent. Les paiements sont de plus en plus irréguliers (pour une dette extérieure -1.184,3 M. us. en déc. 2000 – insignifiante) et ont diminué de 88% de déc. 99 à déc. 2000. Ce qui trahit un manque à gagner  important relativement aux besoins urgents et croissants du pays. Les conditions de financement du développement sont relatives à un contrôle de la corruption et de la taille de l’État. Vu sous cet aspect, Haïti, 197 ans après son indépendance, ne peut exercer sa souveraineté.

Le président devra anticiper sur le contexte du libre marché des Amériques, faire appel à l’épargne de la diaspora (qui finance la nation sur une base mensuelle de $7.6 M. us, données partielles de la BRH, 2000) et même, créer des fonds de retraite pour elle afin de combattre l’inflation de la monnaie nationale. Dans les prochaines rencontres internationales, il devra cesser de confondre son image personnelle avec celle du pays. Son premier ministre devra mettre en marche un plan de recouvrement des sommes (taxes et impôts) dues par certaines entreprises récalcitrantes. Il devra garantir le retour sécuritaire de tous les exilés qui dépensent des fortunes à l’étranger pour leur sécurité (si J.C. Duvalier se la coule en douceur en France, pourquoi Haïti devrait-elle perdre ses revenus au profit des pays amis?). La nation devrait mettre un moratoire sur la chasse aux sorcières qui prive le pays de revenus dont les pays dits amis en profitent largement. La situation politique, économique et sociale du pays en 2001 n’honore plus l’indépendance de 1804.

[Si la situation s’est encore détériorée, il a été exilé une fois de plus, mais tel que soulevé ici, retourné au pays, comme Jean-Claude Duvalier, malgré les prédictions].

Si Haïti développe maintenant une politique sociale basée sur le droit à la dignité tout en cherchant à maîtriser les leviers économiques viables pour faire avancer le pays sur la voie du développement, alors dira-t-on un jour que le président Aristide était un homme de vision. Je pense qu’il doit, à ce titre, ouvrir les yeux sur son entourage et sur ses conseillers. Les faits démontrent que le président est encore enfermé dans un bulbe formé d’hommes incompétents et sans vision. Aussi l’opposition devra-t-elle endosser ses responsabilités et ne pas tenir le pays en otage indéfiniment. Elle aussi devra être jugée à sa juste valeur. Car le déclenchement irréfléchi d’une élection présidentielle engendrera des coûts que le pays ne peut assumer – faute de budget -. Un gouvernement Gourgue aujourd’hui ne peut être qu’illusoire puisque n’ayant aucune base sérieuse ni de plan établi pour garantir une meilleure gestion du pays. Sur une base provisoire, il ne pourra gouverner que par décret, au risque d’engendrer une nouvelle impasse. L’absence des chambres priverait le pays d’un levier de pouvoir indépendant. Ce serait partir d’une entorse à l’autre (de la constitution), il existe d’autres solutions plus profitables pour le pays.

La symbolique de Bazin. La présence de Bazin au ministère du plan dans un gouvernement Aristide est plus que symbolique. C’est un scénario qui se doit d’être très réaliste dans la conjoncture actuelle. Elle prouve que quelque chose a changé, et ce pour le meilleur, avec ces deux hommes qui partagent plus d’un point en commun (réf. Miser sur l’homme de Bazin, 1990 et investir dans l’humain de J.B. Aristide, 2000)

[La convention entre Haïtiens devrait commencer depuis, mais il est encore temps].

Je crois Bazin sincère, il vient d’une lignée de nationaliste. Sa vision est plutôt internationale. Cependant, il devra être surveillé de près pour ne pas déclencher une crise sociale inutile sous le signe de la rationalisation. Il devra dépasser sa symbolique, être plus que Mr clean. Il doit être Mr Efficient. Le poids pèsera lourd sur les épaules de “l’homme des Américains” qui par affinité est mieux placé pour expliquer à une administration républicaine (et à un nouveau président en période d’apprentissage) les excès de langage passés de Aristide : « kapitalis sé péché mòtel (capitaliste est un péché mortel). ». Sa capacité de représenter le pays sur les grands panels de discussions économiques afin de rassurer les financiers (puisque parlant leur langage) est un facteur de développement dont le pays a grandement besoin. L’agenda politique de Bazin devra comprendre des points précis :

Dans l’international, renforcer les relations avec la République Dominicaine, intensifier les campagnes d’hébergement des compagnies étrangères, faire des jonctions avec l’étranger pour développer les universités.

Sur le plan interne, décentraliser le pouvoir à Port-au-Prince – perceptible à même le budget -, impliquer la notion de la liberté d’expression dans toutes les sphères du pouvoir, miser sur la culture et les arts, intégrer les ressources humaines de la diaspora

Sa présence fait aussi à appel une cohabitation politique qui sûrement aboutira au dialogue – pour une réconciliation nationale – avant les échéances de 2004 pour Haïti et 2005 pour les Amériques.

[La République Dominicaine est au centre de la vie haïtienne que ce soit à l’intérieur, que ce soit ceux de l’extérieur même pour un transit vers Haïti. Et, pour le cas des  universités dans le cadre d’une jonction. Regardons à l’intérieur des relations de la Faculté de médecine de l’UDM et de l’UEH, pour ne pas se limiter avec l’ISTEAH et Polytechnique sans oublier le MIT aux É.-U.].

Cette nouvelle Amérique (dont le Canada dit prôner les règles de droits humains, de démocratie et la volonté de les imposer comme conditions à une appartenance à ce lucratif libre marché) devra offrir à Haïti plus que des fonctionnaires en congé sabbatique payé. Elle lui doit une aide réelle et directe.

Elle devra aussi, modérer son exemple de séparation et d’exclusion des citoyens dans les décisions, ce qui ne peut que servir d’exemple à des amis déjà à tendance totalitaire. C’est un aspect qui nourrit la controverse avec cette clause de démocratie obligatoire et inconditionnelle imposée aux partenaires – la coïncidence est trop évidente pour ne pas nourrir aussi les inquiétudes des défenseurs de droits humains dans le monde  et des peuples victimes d’oppression comme les Haïtiens -.

[Il nous faut réviser le Canada, ses acteurs, ses méthodes, ses erreurs, de ce fait tous les intérêts qui se disent légitimes, mais non, en observant les victimes autochtones]

Nous partons donc en campagne aujourd’hui, loin de la chasse aux sorcières. Nous lançons un appel à tous les partenaires sociopolitiques et économiques et aux amis d’Haïti. Partir sur une nouvelle base. Négocier pour la paix : une mission à accomplir. C’est un défi de taille que de transformer des problèmes en opportunité. L’opportunité de faire découvrir une Haïti nouvelle, une nouvelle face dans cette nouvelle Amérique.

Haïti ne doit plus être une nation à la dérive!

[Je comprends dans ce contexte-là la démarche de chaque tentative d’attroupement remarquée. La voix de chacun compte même si des erreurs corrigibles se produisent. Inclusive et complémentaire, la démarche ralliera mieux. En outre, s’il faut fédérer, il faut d’abord concilier les différences, et pouvoir ensuite confédérer les fédérations. S’il faut une convention, il faut d’abord valider des points convenus pour être ratifiés, et non circonvenir en ce temps de renaissance. La notion de ‘diaspora‘ est devenue l’adjectif pour simplifier le fait de circonvenir un peu partout, à tout venant, car il y a des ayants droit immuables. Je crois en la notion de la CHI de préférence nonobstant une entente pour évoluer mutuellement, car les diverses communautés thématiques haïtiennes à l’étranger éprouvent le besoin de s’épanouir dans leur lieu de croissance pour les générations qui naissent et grandissent là. L’intelligence de la CHI passe par ce point incontournable comme acteur de son milieu sinon payer les services aux autres, et par la diplomatie d’abord, terme récurrent depuis bien avant 2001, pour Haïti comme République. Je l’ai longuement défini depuis ce fameux sommet des Amériques à Québec en 2001, où j’ai pu rencontrer Bush Fox Chrétien en même temps par convention du journalisme canadien et américain, tandis que le président haïtien, Jean-Bertrand Aristide est venu vers nous pour circonvenir dehors, quand on nous a refusé l’entrevue rapprochée sous prétexte de sécurité. Un important témoin a assisté du début à la fin, il était éditeur d’un journal pour qui j’écrivais en ce temps-là. Roger Petit-Frère a été aussi celui qui a écrit la préface de mon livre qui relate cet état des lieux en proposant des solutions dont la CHI, la diplomatie, le dialogue entre Haïtiens. Il récidive dans mon théâtre proposé intitulé : le travail de l’immortel. Je le retrouve non sans surprise dans la démarche de convention haïtienne à Montréal]..

ID Canada / ISSN 2563-818X (En ligne) – ISSN 2563-8181 (Imprimé)