Abdelrahim Ali en entrevue avec Marit Fosse
EXPOSE ALLA ABD EL FATTAH
- Dr. Abdelrahim Ali est citoyen d’un pays dont l’histoire vibre encore au pas d’un passé qui fait vibrer tous les pays de ce monde d’ici là, même de là-haut selon une histoire de la nation d’Israël. ÉGYPTE
- En entrevue, Dr. Abdelrahim Ali a présenté Alla ABD El Fatah par ses communications personnelles publiées
- Dr. Abdelrahim Ali sur Daëch, en 2018 au Club Suisse de la Presse
1 – Q. Pourriez-vous nous dire de votre parcours ?
J’ai commencé à travailler comme journaliste au journal Al-Ahali en 1987. Les terroristes de l’époque avaient perpétré l’assassinat de Sadate en 1981. Depuis cette date, je me suis mis à étudier leurs idées, leur origine et leur développement ainsi que les racines de groupes terroristes similaires dans l’histoire du monde musulman. C’est suite à ces recherches que je me suis spécialisé dans le domaine du terrorisme et des mouvements de l’islam politique. J’ai fondé en Égypte un think tank baptisé LE CENTRE ARABE DE RECHERCHE ET D’ÉTUDES, spécialisé dans l’étude de l’islamisme et du terrorisme. Puis j’ai créé un journal quotidien : Al Bawaba, ainsi qu’un site Web : Bawaba News.
Au cours de ma carrière de chercheur, j’ai publié vingt livres sur l’histoire et les idées de ces groupes, notamment : « Les dossiers secrets de la Confrérie des Frères musulmans », « L’Organisation Al-Qaïda, l’invasion continue », « Oussama ben Laden, le fantôme créé par l’Amérique », « L’islam et la liberté d’opinion et d’expression »….
J’ai été élu membre du parlement égyptien de 2015. Après cela, j’ai créé LE CENTRE DES ÉTUDES DU MOYEN-ORIENT à Paris et le site DIALOGUE pour promouvoir l’échange entre l’Orient et l’Occident.
2 – Q. Vous êtes un homme aux multiples talents, et vous dirigez un grand groupe de presse dans votre pays natal. Lorsqu’on parle de la presse, on pense surtout à la liberté de la presse. Où en est la situation dans votre pays ?
Il n’est pas possible de parler de la liberté de la presse et des médias dans un pays, sans prendre en considération les événements et la conjoncture politique du moment. L’Égypte est un pays qui a fait face à l’effondrement de l’État et à la fragmentation de la société après les événements de janvier 2011. Puis, après le 30 juin 2013, nous avons souffert du terrorisme soutenu au niveau régional et international, lorsque nous avons perdu 3 500 martyrs parmi la police et les forces armées sans compter les civils, musulmans et chrétiens morts dans plus de 1 200 opérations terroristes soutenues financièrement et médiatiquement par certains pays dans la région ainsi qu’au niveau international.
Il n’est pas possible de parler des conditions éthiques et politiques de l’exercice de la liberté d’expression, par exemple en Europe ou en France dans les périodes de guerre ou de conflits qui nécessitent la déclaration de l’état d’urgence pour faire face au péril qui menace le pays tout entier.
Dans certains pays européens, la France par exemple, des attentats en somme limités par rapport à ce que nous avons dû affronter en Égypte, a incité le gouvernement à décréter l’état d’urgence pour pouvoir affronter le terrorisme.
De son côté, l’Égypte a affronté le terrorisme au nom du monde. Nous avons mené la bataille avec honneur. Nous avons versé notre sang et sacrifié la vie des Égyptiens pour faire face à ce terrorisme qui ne reconnaît pas les frontières et qui frappait déjà dans certaines sociétés européennes avec des marteaux de fer et de feu.
Après deux révolutions successives et une lutte dévastatrice contre les forces du terrorisme et de l’extrémisme, le Parlement a promulgué des lois d’exception pour prévenir les attentats et préserver l’unité et la sécurité nationale contre les incitations à la violence envers l’armée, la police et les citoyens coptes et musulmans. Certains considèrent qu’il s’agit de censure et de restrictions à la liberté des médias et de la presse.
Mais maintenant, après le cauchemar du terrorisme qui pesait depuis des décennies sur la vie du peuple égyptien, nous avons entamé depuis quelques mois un dialogue national ouvert à tous les courants politiques, pour retrouver ensemble les voies de la liberté, et contribuer effectivement ensemble à définir les visions futures proposées par tous les courants politiques, pour un avenir que nous espérons meilleur.
3 – Q. Votre pays, récemment, a été accusé par la communauté internationale, et surtout par le Parlement européen, de ne pas avoir levé l’état d’urgence qui date de 2017. Pourquoi, à votre avis, est-ce que les autorités égyptiennes ne l’ont pas levé ?
- Le Parlement européen a commis une erreur en portant cette accusation, car l’état d’urgence avait déjà été levé en Égypte le 25 octobre 2020.
Mais malencontreusement, le Parlement européen tire ses informations des Frères musulmans, qui mènent une guerre acharnée contre l’Égypte pour tenter de revenir au pouvoir.
Ainsi le Parlement européen manque d’exactitude puisqu’il se base sur de fausses informations.
De surcroît, la campagne du Parlement contre l’Égypte est venue à contre-courant de l’ouverture du dialogue intérieur par le président Sissi, et de la réussite de l’Égypte dans de la Cop 27. Et cela, alors que les Frères musulmans et leurs alliés avaient tenté de la fossoyer en appelant le peuple égyptien à des manifestations appelées Révolution ! Contre le régime, à la date du 11 novembre 2022. Mais cet appel n’a eu aucun écho dans la rue !
Alors, ils ont essayé de détourner la conférence de son objectif fondamental pour parler de ce qu’ils appelaient les prisonniers d’opinion. Ils ont tenu des conférences de presse à l’intérieur de la Cop 27 et dénoncé certains cas, obtenant même l’appui de certains chefs d’État, comme le président américain, le premier ministre britannique et le chancelier allemand qui ont répété les mêmes accusations.
Ces manœuvres n’ont pas réussi à contrecarrer la conférence ni à la détourner de son cours.
Le Parlement européen, a de son côté, répété les mêmes allégations sans en examiner aucune. Car toutes étaient inexactes ou du moins contraires à ce qui se déroule actuellement dans le dialogue national en Égypte.
4 – Q : Lorsque nous suivons la situation des droits de l’homme en Égypte, nous entendons parler de nombreuses arrestations et de cas de personnes comme le cas d’Alaa Abdel-Fattah. Pourquoi ces cas ne sont-ils pas libérés et le statut des prisonniers n’est-il pas éclairci ?
R. Pourquoi regardez-vous ces cas individuels et ne regardez-vous pas les milliers de jeunes qui sont libérés successivement selon le comité qui a été formé à cette fin ?
Il y a des changements importants sur le terrain dans ce dossier, mais ils ne sont pas pris en compte, et l’accent est mis sur les noms de quelques personnes.
Parmi les bonnes nouvelles dans ce dossier, nous pouvons mentionner : le Comité de grâce présidentielle, qui a été réactivé par une décision du Président Sissi le 26 avril de cette année 2022. Depuis cette date, 1148 détenus placés en détention provisoire dans des affaires d’opinion et non impliqués dans des affaires pénales ou terroristes ont été libérés. Parmi ces détenus libérés nous pouvons citer des personnalités plus importantes que Alaa Abdel-Fattah, parmi lesquels :
- – L’Avocat et ancien parlementaire, Ziad Al-Alimi
- – L’ingénieur, Yahya Hussein Abdel-Hadi, fondateur du Mouvement Civil
- – Les activistes politiques Hussam Moanes et Shadi Muhammad.
Quant à Alaa Abdel-Fattah – sans vouloir minimiser son cas – son histoire est différente. Il s’agit d’un jeune homme qui appelait ouvertement à tuer des militaires et des policiers. Il exigeait dans ses déclarations sur son site, la prise d’assaut du ministère égyptien de l’Intérieur ainsi que l’enlèvement des enfants et des mères des officiers.
Voici des exemples de ses tweets sur son compte Twitter :
Sans le feu mis aux commissariats de police, le ministère de l’Intérieur aurait bien reçu la leçon. Les incendier, c’est prendre une mesure disciplinaire pacifique qui a épargné aux officiers d’être égorgés publiquement.
Tant que les officiers nous sont hors de portée, pourquoi ne pas trouver une cellule terroriste qui tuerait leurs enfants et torturerait leurs mères.
J’aimerais simplement faire savoir à ce mou de maréchal que nous allons intentionnellement faire tomber l’Égypte du haut de son piédestal
Il n’y avait pas de loi qui aurait pu juger Sadate. C’est insignifiant d’insister pour avoir l’impossible. L’assassiner était le seul moyen pour le châtier et stopper son injustice.
Que faites-vous ici en Europe quand un Suisse ou un Français publie de tels appels aux meurtres ?
5 – Q : L’Égypte a récemment accueilli la conférence COP27 et ce fut un grand succès pour le pays hôte organisateur. Mais ce succès n’a pas empêché les ONG de manifester et de se plaindre. Qu’en pensez-vous ?
La tenue de la COP 27 est un grand succès pour l’Égypte. Aucun pays n’avait jusqu’alors permis aux organisations de défense des droits de l’homme de manifester à l’intérieur de la conférence et à tenir des conférences de presse en commun avec les militants du pays. Cependant, afin de manifester son profond respect des droits de l’homme et de la liberté d’expression, le gouvernement égyptien a autorisé les organisations de défense des droits de l’homme – pendant la tenue de la COP 27 – à rendre visite à leurs homologues en Égypte, à échanger avec eux et à leur remettre leurs rapports et tenir des réunions en commun. Ainsi ils ont organisé ensemble une conférence de presse internationale examinant le cas d’Alaa Abdel Fattah et expliquant ses doléances sans la moindre ingérence du gouvernement.
Tout cela, de mon point de vue, est un signe de force d’une part, et d’autre part, un indice de démocratie et de liberté.
6 – Q : Prochainement, au Club Suisse de la Presse, vous participerez à une conférence à Genève (peut-on ajouter : aux Nations Unies) sur la question du terrorisme et des droits de l’homme en Égypte et dans le monde. Quelles sont les raisons et quel est le but recherché de cet événement (puis-je ajouter : de cet événement politique important au cœur de l’Europe et des Nations Unies dans la capitale suisse) ?
L’objectif souhaité de cette conférence est que l’Occident entende la voix de ceux de l’Orient et entende directement nos idées et nos problèmes, sans passer par les groupes de l’Organisation Internationale des Frères musulmans.
Nous voulons faire la distinction entre les libertés dont jouit un pays relativement stable. Et, les libertés dans un pays qui souffre du fléau du terrorisme.
Dans la période précédente de confrontation avec le terrorisme, il était nécessaire de promulguer des lois d’exception et des restrictions pour y faire face, mais maintenant, après que le nuage du terrorisme s’est dissipé, nous assistons à un grand mouvement de dialogue national et à la reprise du comité d’amnistie qui cherchent à libérer tous les détenus et à réformer la loi sur la détention provisoire et la protection des témoins, etc.
Tous les courants participent actuellement au dialogue national qui cherche à créer les conditions pour satisfaire les aspirations démocratiques du peuple égyptien.
7 – Q : En tant que journaliste égyptien. Pensez-vous que les journalistes occidentaux manquent de connaissances sur le monde arabe ? Et quel rôle jouez-vous en Europe pour y remédier ?
Bien sûr, il y a un grand et évident manque d’informations, en particulier sur les cultures et les civilisations de ces pays de l’Est, leurs coutumes, leurs traditions et leurs religions.
Notre centre a pour mission de mettre toutes les informations à la disposition des journalistes et des chercheurs occidentaux, d’organiser leurs déplacements, et leur faciliter de mener à bien toutes les interviews avec les responsables politiques du Pays.
L’Égypte nouvelle n’a actuellement rien à cacher au monde, sur place ou sur les réseaux sociaux.
8 – Q : Enfin, Dr. Ali : Quel est le message que vous voudriez faire passer aux lecteurs ?
Mon dernier mot aux lecteurs s’articule autour de la nécessité d’un dialogue constructif entre l’Orient et l’Occident sur la base du respect mutuel et de la non-ingérence dans les affaires d’autrui. Nous devons comprendre qu’il nous est impossible d’être tous pareils, car nous avons nos coutumes, nos valeurs et nos obligations, sinon nous deviendrons des copies déformées les uns des autres.
- FIN entrevue exclusive de Dr. Abdelrahim Ali en rencontre avec Marit Fosse
ID Canada / ISSN 2563-818X (En ligne) – ISSN 2563-8181 (Imprimé)