QU’EST-CE QUE LE RACISME SYSTÉMIQUE ? par Franck Jean-François
Le racisme systémique ne veut pas dire racisme systématique, comme dirait Manon Massé. Ce serait de faire la généralisation abusive de dire que tous les Québécois et toutes les Québécoises indistinctement sont racistes de manière systématique.
Toutefois, les grandes institutions québécoises et canadiennes manifestent un comportement déplorable et lamentable envers les gens d’origine étrangère, c’est ce qu’on appelle le racisme systémique. C’est une violence masquée, sans coupable unique qui se laisse repérer essentiellement par ses effets, dirait-on. Certes, on ne peut pas dire carrément que Justin Trudeau et François Legault sont explicitement racistes, mais quand on regarde ce qui se passe à travers les systèmes gouvernementaux provincial ou fédéral, on voit clairement la manifestation du racisme envers les Canadiens non blancs. C’est cela le racisme systémique ! Certains sont obligés, pour trouver un emploi dans leur profil, en dépit de leur compétence, de modifier ou dissimuler leur nom à cause du racisme systémique. Le racisme est systémiquement présent dans les institutions fédérale et provinciale. Autrement dit, le racisme systémique demeure OMNIPRÉSENT et il se manifeste sous diverses formes.
Ainsi, il cause beaucoup de mal aux victimes, à titre d’exemple, le démantèlement de la famille faute d’emploi malgré la qualification des gens. En effet, certains grands intellectuels se réfugient dans l’industrie du taxi pour pouvoir payer les factures, d’autres se dirigent vers les manufactures, d’autres encore retournent dans leur pays natal et on ne parle pas souvent du rejet des jeunes qui sont nés ici. On se souvient de la déclaration de Sofiane, un jeune universitaire québécois d’un père algérien et de mère d’origine française qui disait qu’il ne donnerait jamais à ses enfants un nom à consonance arabe. Le sociologue Paul Eid nous a déjà révélé que les noms comme Tremblay, Bourassa et Bolduc ont 60% de chances d’être appelés à une entrevue d’embauche qu’un Mohamed ou un Mamadou à cause du racisme systémique.
En effet, les blessures du racisme systémique sont profondes et cela a forcément un impact négatif sur la société en perdant, du même coup, une main-d’œuvre qualifiée et diminuant également la productivité.
Selon les données statistiques, les communautés noires, autochtones et maghrébines sont affligées par un taux de chômage de deux à trois plus élevé que la moyenne. Ainsi, tous les citoyens ne sont pas traités de la même façon; la place qu’ils occupent dans la société est liée à la couleur de leur peau, leur accent et leur nom. Tels sont les trois piliers du racisme systémique sur lesquels se basent les institutions gouvernementales, ce qui se manifeste dans l’exclusion des gens d’origine étrangère dans le système.
En outre, malgré les conflits, soi-disant, entre le provincial et le fédéral, malgré les débats sur le nationaliste, le fédéralisme et la souveraineté, malgré les opinions claires et précises de certains politiciens sur le racisme, les Canadiens et les Québécois ont la même attitude ou le même comportement, dans les faits, lorsqu’il s’agit d’affronter le racisme systémique. Pour éradiquer cette violence masquée, il faut la comprendre !
Franck Jean-François
ID Canada / ISSN 2563-818X (En ligne) – ISSN 2563-8181 (Imprimé)