GÉGÉ DEPARDIEU Chevalier blessé FFM 2002
- Retour sur l’image, amour du cinéma américain (SLRDC) par Dan Albertini
La tribune du Complexe Desjardins fait le comble en émotion, on attend une vedette, le canon de l’édition de la saison du FFM. C’est le promontoire le terme approprié où l’on a vu passer ces canons du métier ici. Celui-ci est une bête de scène depuis Manon des sources où et quand il est Jean de Florette. Il rentre tout bossu, il sort tout cossu. Dans le scénario de Claude Berri, il réussit avec un bagage de sympathie qui lui sied d’ailleurs, et mieux que celui qui a joué le Bossu de Notre-Dame (1996), malgré Américain, et victime dans le film comme lui. Gérard l’acteur extraverti s’est adapté en gros gégé (Depardieu), n’épargne plus la modestie..
Gros gégé Depardieu est l’élu du cœur de Bernard Landry (premier ministre), pour le titre de Chevalier, par sa femme Chantal Renaud. S’il a fait des siennes, l’invité d’honneur est en retard d’autant plus qu’il sera reçu Chevalier de l’ordre du Québec par le premier ministre de la Province francophile, en l’occurrence Bernard Landry que je surnomme ben Landry, en politique. Il lance un pavé dans la mare quand je lui pose la question sur les effets américains qu’il soutient pendant toute sa présence de presse au Complexe. Il répond sans détour, même avec une pointe d’agacement lancé au public francophile et amant du cinéma français: ‘j’aime le cinéma américain, ses méthodes…, il est plus dynamique’. On le retire de suite de la conférence de presse sous prétexte de l’attente sur l’autre trottoir où il sera fait Chevalier. Là encore, je le poursuis près des ascenseurs avec la même question où il fonce, et il fuit: ‘qu’est-ce que vous avez à me poursuivre ainsi’. Le visage parle!
C’est en fait, l’image de l’acteur ulcéré qui joue sans fiction à sa façon les suites de l’accident moto est inscrite pour ressortir vingt-et-un ans après. Le savait-il alors qu’il allait trahir sa patrie la France par évasion fiscale en prenant l’exil en Moldavie, c’est du ressort du fisc français. Néanmoins, c’est une empreinte comme une trace sur le canon, elle sera retenue comme celle du visage ulcéré dans la photo qui a déjà fait celle du jour en la matière, gros gégé s’est marqué lui-même. Est-il masochiste en fait à se faire suspecter depuis la relation avec son fils Guillaume qui remonte probablement vers son père, dans son enfance. Peu importe, c’était à l’époque où Jacob Berger a apprivoisé son personnage parallèle en la personne de gégé Depardieu, et de Guillaume son fils. Aime ton père, le film qui tient à cœur l’un, et l’autre, à boire au point d’un accident de moto dit-on. Spectacle, le malheur devient bonheur, ma caméra saisit l’image. S’il y en avait d’autres, elles les ont censurées !
Vieille méthode campagnarde française, le film s’accroche sur le malheur pour attirer la pitié dans un récit raconté que l’on tourne à la manière de Godard sans le savoir, bien que la production soit du trio France Italie Suisse. Ce qui a forgé le gégé. Depardieu, Chevalier du Québec, était-il un couard, un traître, menteur, l’évadé fiscal, en 2013, la réponse en 2023 ne lui vaut d’autres écrans ni d’écran américain. Ce qu’il est par contre, c’est la métamorphose annoncée de la jeune Manon Cadoret (Emmanuelle Béart de l’époque) dont la vieillesse transforme sans égard. Gros gégé est peut-être ce traître né insoupçonné, car il se vire une fois de plus en critiquant Vlad..
- Merci d’y croire !
ID-C, c’est sur la route du cinéma que l’on a droit à la forme d’immunité qui dédouane des jugements. C’est là aussi où l’on voit passer les images en accéléré comme en dérision ou en instruction. La liberté du ‘death burger’ confirme la règle, elle vous est proposée sans détour à ce titre en ce mois de mai 2023.
ID Canada / ISSN 2563-818X (En ligne) – ISSN 2563-8181 (Imprimé)