Lettre imaginaire de Thiéry Mayard-Paul en République
- Prodrome de l’ÉDITORIA
Pourquoi l’éditorial qui se permet d’engager l’identité d’un citoyen qui ne le sollicite pas cela, pris dans un contexte sans éloquence où la peur est un régime amaigrissant sans prescription, dans le pays autrefois le plus beau de la mer des Caraïbes au point d’en être la perle ? Le silence n’est pas une médecine quand il devient pathogène. Dans ce pays de foi et d’imaginaire, on sait que Dieu l’a dit autrefois aussi, si les hommes ne parlent pas je ferai parler les rochers. Sans guillemet puisque je ne veux de citation exacte ici. Si Haïti est au centre des inquiétudes, alors il faut négocier.
l’ÉDITORIAL
Monsieur,
Il m’est aisé de vous saluer au titre du citoyen qui m’habite, en toute concitoyenneté en cette République que nous chérissons au même refrain. Il m’est fort aise de le faire au gré de l’histoire, laquelle vivons-nous en ère universelle. En ère haïtienne assise aussi, comptons à partir du précurseur, depuis bientôt deux cent vingt ans d’existence. Je me réclame néanmoins dans la sujétion à la fierté dont nous tous sommes les héritiers en Haïti, individuellement, de vous saluer au nom de la postérité qui héritera de chacun de nous, collectivement. Je vous salue donc avec cette fierté partagée en nos aïeux qui nous ont crus aptes à conserver l’héritage à qui il n’est donné, nulle part dans l’histoire de l’humanité, de vivre la nôtre. «Un temps pour chaque chose», dira l’autre !
Je vous demande donc, à ce titre, de me prêter attention en la circonstance.
Monsieur, Je suis de par ma formation, dans le cadre du droit et à titre professionnel, dans un langage d’initié quotidien, lequel langage je crois solitaire quand il s’agit d’en partager avec tout consultant. J’ai été puiser dans la littérature de tout cerveau, de tout département, de tout casec, afin de trouver le mot juste. Je me fais membre de la foule impersonnelle, du citoyen ordinaire, je me fais part des espoirs de la République pour vous demander de soigner l’honneur et surtout de conserver le nôtre. Cela prend le geste, républicain simple, je le crois aussi d’épreuve, c’est humain. En outre, si notre histoire nous enseigne notre haïtienneté au standard des héros de notre indépendance, nulle épreuve, nul sacrifice n’est trop grand pour sauvegarder l’honneur. Soyez donc un de ceux-là !
Monsieur, des cris d’alarme sont entendus et font échos tant ici qu’ailleurs. La date du 1er janvier 1804 réclame de vous en partage, un geste d’honneur et je n’insisterai pas assez sur ce mot, car, il en revient à la République de le sauvegarder : Honneur !
Monsieur, Il est impératif que la République offre à ses enfants, à tous ses enfants, au nouveau-né, à celle/celui qui naîtra dans la minute qui suit, sa destinée; et je vous en crois capable de ce geste patriotique. Vous aviez prêté serment en ce sens, vos enfants vous observent. Ils doivent probablement se poser la même question que tout citoyen en cette République dont la signature pour certains est : Haïti chérie ! Pour d’autres, il s’agit d’Haïti Tomas.
Cependant, pour l’humanité de ce monde connu, on est : Haïti, première République nègre indépendante. Savez-vous que Pierre Sané (sénégalais) à l’UNESCO avait proposé de faire de NOUS, un patrimoine de l’humanité, vers 2009, je crois. Vous savez, Monsieur, sans vouloir reprendre par l’office du conseil d’avocat que je soutiens, en quittant le tribunal après le procès, point n’est besoin de souligner dans un État de droit, si droit il y a, j’atteste que pour le juge, il n’y a pas de gagnant ni perdant, mais victoire pour la justice. La raison en est fort simple et tout conseil d’avocat vous le dira. Il y a plus fort que le procès en justice, c’est l’entente par la médiation. En fait, ce sont des heures d’avocats qui ne sont affiliées bien sûr. Mais, la paix sociale qui en résulte vaut le coût pour les parties qui étaient en litige. Consultez ! Vous verrez de ces anciens adversaires conclure d’autres alliances par la vertu de la médiation. Auriez-vous besoin d’un médiateur, la République en regorge. Ils vous diront tous que de quitter les lieux du Palais National n’est pas une honte, mais plutôt un signe de courage qui déconcertera l’intrus étranger. Si je dois citer, alors je répète M L Bazin : «nous sommes fatigués, nous sommes fatigués». Je garde néanmoins mon statut en vous disant que la vie citoyenne vaut son pesant d’or après tout en République.
Monsieur, aimez la patrie tel le discours d’assermentation que vous aviez livré fait foi. Facilitez les efforts de transition pacifique. Au nom de Dessalines, quittez le Palais !
- Salutations patriotiques.
Me Mayard-Paul (Thiéry) en l’occurrence n’écrira jamais cette lettre, car il ne montrera pas à Jovenel comment reprendre un café au bar, à titre de simple citoyen quand on a quitté prématurément la carrière empruntée par accident. Y aurait-il une autre raison, certes nous la connaissons, mais je ne pousserai pas plus loin cette lettre de courage. En outre, c’est la légion nécessaire pour libérer le Palais National.
- version PDF : IDavril2021_IDavril2021
ID Canada / ISSN 2563-818X (En ligne) – ISSN 2563-8181 (Imprimé)