Migration de couleur et couleur de peau – Haïti Renaitra ! par Jean Willer Marius

Migration de couleur et couleur de peau

  • Haïti Renaitra ! par Jean Willer Marius

L’humain est un être mobile qui, contrairement au règne végétal fixé au sol, peut choisir son habitacle. Il a donc, de la politique des moyens, accès à la liberté s’il n’aime pas sa position géographique, son habitat ou son milieu de vie. Il choisit de se déplacer en quête de ce bonheur auquel tout individu de l’univers connu (sur terre), a droit selon la déclaration adoptée, inspirée de cette même universalité et solidarité de l’humanité de l’homme. Il lui arrive aussi, comme une nouvelle preuve d’amour, d’être obligé de se déplacer pour assurer sa survie et celle de sa famille quand la nature devient féroce. Ou, pour toute sorte de raisons, quand l’homme essaie ses petits jouets létaux. Qui veut la paix prépare la guerre n’est-ce pas ! Il risque en même temps son confort relatif, sa vie et affronte de réels dangers pour se chercher sans garantie aucune de se retrouver. Cependant, certains migrants, comme on les appelle, butent sur un obstacle majeur : la couleur de l’épiderme.

Ce dernier groupe, pour la grande majorité, va demeurer migrant sa vie durant. L’instabilité liée à sa condition d’existence la poursuivra ad nauseam. Un quota de vie systématique lui est réservé surtout, on veillera à ce qu’il n’occupe aucune place décisionnelle. Il n’est pas évalué sur la base de ses mérites. Quel que soit sa position antérieure, ou, ses diplômes, on l’estime heureux en le condamnant à la trilogie métro-boulot-dodo, sans espoir d’élévation ni d’accomplissement de soi, validant la théorie de Maslow. Remarquable par son nom, son CV s’écarte du lot automatiquement, si d’aventure son nom ne le trahit pas, possède le bon accent pour l’interview téléphonique, quand il se présente, il bute sur des heu, oui…on va devoir vous rappeler. Exceptionnellement, pour le maintien du système, on permet de temps à autre à l’échantillon d’investir le cénacle. À entendre ce club, on croirait que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles quand certains milieux resteront évidemment longtemps fermés. Ce n’est donc pas demain qu’on verra un pilote noir en Europe ou en Amérique du Nord et que quiconque le veut peut effectuer de solides études en médecine.

À voir la solidarité mondiale envers les Ukrainiens, on serait poussé à croire que l’homme s’est rendu à de meilleurs sentiments d’empathie et d’amour pour l’âme en danger et les enfants menacés de faim et de bombardements alors que des cadavres jonchent le sol, attendant une sépulture, en mode fosse commune, des prochains mourants. Les Ukrainiens qui le souhaitent sont incités à venir se mettre à l’abri sous les cieux des grandes démocraties et du respect du droit de l’homme et du citoyen quand la porte se ferme depuis plusieurs années pour ces milliers d’autres qui aspirent légitimement à une vie meilleure quand on continue de nommer des bandits à la tête de leur pays dévasté et que leur richesse en même temps que leur dignité a été emportée. Une seule explication et elle est clairement visible..

Si en Europe en Amérique du Nord, on soutient déployer d’efforts, lutter contre le racisme systémique, ce n’est pas le cas dans d’autres coins où on catégorise les gens directement sur l’épiderme. La République dominicaine dépouille et humilie à longueur de journée les Haïtiens reconnaissables à leur belle couleur ébène. Aucune organisation des droits humains pour dénoncer et demander des comptes à ce voisin belliqueux qui utilise la misère préfabriquée et l’alimente en finançant les voyous pour mieux régner sur la seule ile au monde qui abrite deux pays.

Le juge de l’immigration effectue un travail consciencieux basé sur la loi migratoire de son pays. Est-ce sa faute s’il ne comprend pas que dans certains pays du monde, on se fait massacrer pour son opinion ou pour d’autres futilités ? Lui, qui n’a jamais immigré, comment comprend-il ce drame humain qui consiste à laisser son pays, ses amis pour tenter de sauver sa peau ?

La migration des noirs restera ce boulet qui secoue la conscience du monde, si conscience il en reste.

ID Canada / ISSN 2563-818X (En ligne) – ISSN 2563-8181 (Imprimé)